Si certains lisent pour s’évader de leur quotidien le temps d’un livre, d’autres le font pour des raisons beaucoup plus pragmatiques. 

De Platon à Victor Hugo, de Stephen King à Paulo Coelho… Mais pourquoi lit-on ? La réponse inévitable est « pour le plaisir ». Mais quelle est la nature exacte de ce plaisir ? La lecture est pour beaucoup une échappatoire, un moyen de prendre de la hauteur sur les tergiversions d’un quotidien routinier. Les synopsis, personnages et décors nous occupent, et stimulent l’imagination, à la différence du cinéma qui impose une image, un son, une ambiance.

L’abstraction ou le pragmatisme ?

Selon de nombreuses études, la lecture est d’abord prisée par son côté irréel, du fait de son éloignement des notions élémentaires comme le « soi » et le temps. Selon Heaney, nous lisons pour nous voir tels que nous sommes. Plus pragmatique, Wittgenstein stipule que nous lisons pour étendre nos compétences rédactionnelles et expressives. Il poursuit que nous lisons également pour mettre au défi notre conscience, et nous positionner par rapport aux questions existentielles par le biais d’histoires romancées. Mattie, le personnage fantaisiste de Crooked Heart écrit par Lissa Evans, avance que « les hobbies sont réservés aux gens qui ne lisent pas ».

La télévision est-elle le pire ennemi du livre ?

« C’est dans les grands livres que nous vivons d’avance, ou prenons pleine conscience, après coup, de ce qui détermine, moule et définit notre existence », se réjouit Marc Fumaroli, académicien, professeur au Collège de France, familier du Grand Siècle et auteur de l’Etat culturel. Selon lui, la télévision ne fait qu’accentuer la fracture sociale, et signe la « démission » des parents de l’éducation littéraire des enfants, qui voient leur imagination vampirisée par le petit écran. Pendant ce temps là, les minorités privilégiées transmettent à leurs petits ce que Marc Fumaroli appelle un « supplément d’âme » à la bibliothèque.